Finalisé dans la nuit de mardi à mercredi à Genève après plus de 3 ans de discussions, celui-ci doit encore être formellement approuvé en mai. 

«L'Histoire est faite aujourd'hui à Genève», a affirmé à quelques journalistes le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le projet d'accord est désormais envoyé à l'Assemblée mondiale de la santé qui doit le valider formellement en mai prochain.

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Comme un symbole, M. Tedros avait revêtu, comme son numéro deux Michael Ryan, une cravate verte, couleur utilisée pour valider chaque article de cet arrangement. Et le champagne a été débouché.

L'accord «est bon, équilibré, parce que les membres ont tous leurs propres préoccupations», dit le directeur général, persuadé qu'il constitue une approche plus «équitable». Selon lui, il était important de montrer que la communauté internationale peut trouver des consensus. «Nous avons besoin de cela» dans une période de tensions internationales, insiste-t-il.

Après plus de trois ans de discussions, un accord de principe semblait avoir été trouvé samedi matin. Il restait à finaliser le texte auprès des capitales, mais tout n'a pas suivi comme prévu. Après plus de 24 heures dès vendredi, il a fallu presque aussi longtemps de mardi à mercredi pour aboutir.

Largement salué par les ONG

«Les pays du monde ont montré leur engagement commun à prévenir et protéger chacun, partout, de futures pandémies», estime la co-présidente des négociations, Anne-Claire Amprou. «Je crois qu'on peut utiliser le terme d'historique et on est aussi très fatigué», a glissé de son côté à l'agence de presse Keystone-ATS une source au sein de la délégation suisse.

L'une de ses collègues a salué ensuite devant les membres un «succès significatif après trois ans d'un intense marathon». «Pour cela, nous avons besoin du cadre de l'OMS» et de garantir que celle-ci, qui doit trouver 2,5 milliards de dollars d'ici fin 2027, «puisse honorer son mandat», a-t-elle ajouté.

Mardi, plusieurs pays ont cherché à rouvrir des divisions. Le transfert des technologies vers les Etats en développement était au centre des divergences. Les membres s'engageront, une fois le texte entré en vigueur, à faciliter, "de bon gré et dans des termes mutuellement convenus", la fabrication de vaccins et d'autres contremesures dans toutes les régions du monde.

La plupart des ONG, comme Médecins Sans Frontières (MSF), saluent des parties positives pour davantage de «solidarité» et un premier mécanisme international commun sur cette question. D'autres dénoncent une "hypocrisie" des pays riches qui ne garantira pas suffisamment un accès équitable. Mais un transfert obligatoire de technologies semblait impossible. Certains Etats veulent choisir avec qui ils collaborent, pour éviter de futurs concurrents, a admis M. Tedros.

L'objectif affiché était de doter la communauté internationale de ressources pour empêcher une nouvelle discrimination en cas de pandémies. Le retard dans l'acheminement de doses au moment du coronavirus avait provoqué de nombreux décès supplémentaires dans les pays en développement.

Système de partage attendu

Les pays riches, dont la Suisse, auront réussi à protéger leurs entreprises pharmaceutiques et la propriété intellectuelle, d'autant plus à un moment où cette branche pourrait à son tour être ciblée par des droits de douane du président américain Donald Trump.

Parmi les innovations validées par 193 des 194 membres au total, les Etats-Unis s'étant retirés des discussions en février, un système d'accès aux agents pathogènes et de partage des avantages (PABS) sera lancé. Les modalités devront encore être négociées dans une annexe.

A l'avenir, 10% des volumes de tout vaccin ou toute technologie contre les pandémies devront être donnés «rapidement» à l'OMS. Et une part équivalente de ces contremesures devra être vendue à prix abordables à l'organisation.

Un réseau mondial piloté par l'OMS devant lever les barrières dans les filières d'approvisionnement est également établi. Mais les décisions sur ce dispositif dépendront des différentes parties à l'accord. Les pays en développement ont cédé et accepté d'investir davantage dans la préparation des pandémies, notamment sur la santé animale.

Autre arrangement il y a près d'un an

L'accord sera signé une fois l'annexe sur les modalités du PABS négociée. Cette discussion devrait prendre un an, selon M. Tedros. L'arrangement entrera ensuite en vigueur un mois après la ratification par 60 membres.

Il ne sera pas le premier depuis le coronavirus. Les pays membres avaient réussi il y a près d'un an à trouver un consensus sur des amendements au Réglement sanitaire international (RSI).

Une nouvelle «urgence pandémique» pourra être décrétée par le directeur général de l'OMS selon des critères communs. Cette innovation permettra également d'activer les dispositifs prévus dans l'accord qui a été finalisé mercredi par les membres. (awp/hzi/ps)