Le texte centriste propose d'introduire un frein aux coûts de la santé lié à la conjoncture économique et au niveau des salaires. Il fonctionnerait sur le modèle du frein aux dépenses de la Confédération. Si la hausse des coûts moyens de la santé par assuré et par an augmente de 20% de plus que les salaires, et que les partenaires tarifaires n'ont pas pris de mesures, la Confédération et les cantons seront tenus d'agir.
L'initiative du PS demande elle de plafonner les primes à 10% du revenu disponible. Concrètement, les primes pourront continuer à augmenter, mais si elles dépassent ce seuil, le reste sera payé par la Confédération (pour deux tiers) et par les cantons (un tiers) via les subsides.
Justice et efficacité
Les deux textes recueillent pour l'instant des avis favorables dans les sondages, mais rien n'est joué. «Avec l'explosion des primes maladie, les familles et la classe moyenne ont besoin d'un soutien urgent. Les initiatives garantissent plus de justice et d'efficacité dans le domaine», a plaidé en conférence de presse le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD).
«Le Parlement n'a pas été capable d'élaborer un compromis, parce qu'il est gangrené par les lobbies. Les deux contre-projets existants sont ridicules, pas du tout à l'échelle des problèmes», a lancé le Vaudois.
Aux soignants, dont les organisations s'opposent au texte centriste, Roger Nordmann rappelle que "ne pas utiliser ce potentiel d'efficacité, c'est condamner tout le système de la santé et ses acteurs à s'épuiser comme un hamster dans une roue, au bénéfice d'une petite minorité qui s'enrichit de manière éhontée."
Et aux électeurs du centre droit qui craignent la fiscalité, le socialiste affirme: «en plafonnant cet impôt à 10% du revenu des ménages, nous ne faisons que déplacer l'effort d'un impôt très injuste vers le mix fiscal ordinaire, plus équitable, mais sans augmenter la charge fiscale globale.»
Double pression
Le double «oui» le 9 juin est la meilleure variante, a aussi plaidé son collègue centriste Stefan Müller-Altermatt (SO), selon la version écrite de son discours. Les familles et la classe moyenne perdent massivement en pouvoir d'achat, et le poids des primes maladie vient encore s'y ajouter.
La politique ne ressent pas la nécessité de mettre fin au gaspillage et à l'affairisme dans le système de santé. Un double «oui» ferait double pression sur le monde politique et sur les acteurs de la santé pour qu'ils agissent enfin, a dit de son côté la conseillère nationale Céline Widmer (PS/ZH).
Et le député Giorgio Fonio (Centre/TI) de dénoncer un climat de peur installé par les opposants aux textes, qui dépensent beaucoup d'argent dans la campagne. «Pourtant, les initiatives sont complémentaires.»
Le comité s'éloigne donc des positions officielles des deux partis. Contre l'avis de la direction, la majorité des délégués du PS national a appelé à rejeter l'initiative du Centre, craignant une baisse des prestations. Au Parlement, une bonne partie du groupe parlementaire socialiste s'était abstenu.
Au Centre, les délégués ont également rejeté le texte du PS, jugé trop cher à mettre en oeuvre. Mais là aussi, des voix discordantes existent.
Le comité se dit porté par de fortes minorités au sein des deux partis. «Nous nous sentons libres de sortir de la politique partisane pour voir l'intérêt général. Le peuple peut forcer le compromis dans les urnes», a conclu Roger Nordmann. (awp/hzi/ps)