La confiance de la population a été entamée, juge-t-on à gauche et à droite de l'échiquier politique. L'OFAS regrette profondément cette situation, car ces erreurs génèrent des incertitudes, a déclaré le directeur de l'office, Stéphane Rossini, lors d'une conférence de presse mardi. «Ces erreurs ne devraient pas se produire, car il est de notre responsabilité de fournir des outils performants», a-t-il ajouté.

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Cette erreur est due à deux formules erronées dans un programme de calcul. L'OFAS indique avoir immédiatement développé deux modèles alternatifs de calcul.

Il a aussi chargé deux instituts de recherche de réaliser chacun, d'ici à fin août, leur propre modèle autonome de projection. De nouvelles perspectives financières seront publiées en septembre.

Enquête administrative

Dans la foulée de cette annonce, le Département fédéral de l'intérieur (DFI) a indiqué que la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a ordonné l'ouverture d'une enquête administrative. Les résultats sont attendus pour la fin de l'année, précise le DFI.

Ce dernier et l'Office fédéral des assurances sociales «prendront les mesures qui s'imposent pour garantir la fiabilité des projections financières», indique-t-on encore. «L'OFAS salue cette initiative», a déclaré Stéphane Rossini.

Conséquence moins grave de la 13e rente

Les nouveaux calculs montrent que l'impact de l'introduction de la 13e rente AVS sera moins lourd que prévu. Les dépenses seront bien d'environ 57 milliards de francs en 2026, lors de l'introduction, mais dès 2028, elles devraient être d'environ un milliard de francs inférieures à ce qui a été calculé. En 2030, la surestimation devrait atteindre quelque 2 milliards puis, en 2033, environ 4 milliards de francs.

La part de la Confédération dans le financement de la 13e rente sera donc moins élevée. Elle sera inférieure d'environ 2,5 à 3 milliards de francs, précise M. Rossini. Les coûts, eux, ne changent pas. Ils s'élèveront à quelque 4,2 milliards de francs en 2026, et près de 5 milliards par année en 2030.

Au final, le déficit de répartition de l'AVS, c'est-à-dire la différence entre les recettes et les dépenses sans le rendement attendu des placements, atteindra environ 2 et non 4 milliards de francs jusqu'en 2030, puis environ 4 et non pas plus de 7 milliards de francs jusqu'en 2033.

LPP pas touchée

Quant à l'assurance invalidité et la LPP, sur laquelle la population va voter en septembre, elles ne sont pas touchées. Les erreurs de calcul dans les projections ne «concernent strictement que l'AVS», a assuré le directeur de l'OFAS.

Stéphane Rossini a précisé que l'instauration de la 13e rente AVS a été un «élément déclencheur» pour déceler les erreurs de calcul, mais que les «travaux auraient été faits» dans tous les cas. «La 13e rente nous a forcés plus vite que prévu à faire des projections plus longues et à remarquer des erreurs», a-t-il dit.

Le Valaisan a également souligné un manque de ressources dans son office, «en permanence sous pression», en raison des nombreuses décisions politiques dans ce domaine. «Mais ce n'est pas une excuse», a-t-il ajouté, se disant «plutôt content d'avoir trouvé nous-mêmes les erreurs» dans les projections financières.

«Confiance entamée»

Pour le parti socialiste, ces nouvelles prévisions prouvent que le financement à long terme de l'AVS est bien plus solide que ce qui avait été pronostiqué jusqu'à présent. «Les plans du camp bourgeois visant à réduire les prestations de retraite et même à augmenter l'âge de la retraite doivent donc définitivement être abandonnés», a déclaré dans un communiqué le coprésident du groupe socialiste aux Chambre fédérales, Samuel Bendahan.

L'Union syndicale suisse (USS) estime que les projections financières «trop pessimistes et non réalistes» ont entamé la confiance de la population. Elle exige la suspension des travaux en cours et que la 13e rente AVS soit versée un an plus tôt que prévu, soit en 2025.

La faîtière syndicale juge aussi que les erreurs dans les projections financières de l'AVS remettent en question le résultat du vote très serré, en septembre 2022, sur le relèvement de l'âge de la retraite des femmes. Les Verts ont annoncé «examiner» un recours contre cette votation. Les Femmes socialistes suisses, «consternées», attendent les excuses du Conseil fédéral et que ce dernier propose de répéter la votation sur le relèvement de l'âge de la retraite des femmes.

«Fiasco»

Il s'agit d'un «fiasco», selon le PLR, qui impute la responsabilité de cette erreur aux deux derniers patrons du DFI, les conseillers fédéraux socialistes Alain Berset et Elisabet Baume-Schneider. Il exige que les commissions de gestion des deux Chambres fédérales enquêtent sur une erreur «sans précédent». Le parti demande en outre que les travaux sur l'augmentation des cotisations salariales et de la TVA soient mis en pause.

Une enquête est le «seul moyen de rétablir la confiance dans l'OFAS et dans la Confédération», ont appuyé les Vert'Libéraux, qui se réjouissent que les prévisions soient moins négatives que prévu.

Le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi, contacté par Keystone-ATS, juge inutile un nouveau vote sur l'âge de la retraite des femmes. Bien que préoccupé, il salue, tout comme Le Centre, l'enquête annoncée par Elisabeth Baume-Schneider. Le Centre appelle aussi à ne pas réduire la contribution de la Confédération dans le financement de la 13e rente AVS, moins élevé que prévu.

L'Union suisse des arts et métiers (usam) partage l'avis du Centre. Elle va même plus loin en proposant une éventuelle nouvelle augmentation de l'âge de la retraite. (awp/hzi/ps)