L'actuel directeur général adjoint Nic Dreckmann assurera l'intérim, a précisé le groupe zurichois dans un communiqué, ajoutant avoir lancé une "recherche externe" pour lui trouver un successeur.
«Nous avons tiré la conclusion commune (avec le conseil d'administration) qu'il est dans le meilleur intérêt de la société que je démissionne», a souligné M. Rickenbacher, qui avait pris les commandes de l'établissement zurichois en 2019.
L'administrateur David Nicol ne se représentera pas. La banque a également annoncé des réductions "substantielles" des rémunérations de ses dirigeants. Le patron et cinq autres membres de la direction impliqués dans l'affaire ne toucheront pas de bonus.
Parmi les mesures annoncées pour redresser la barre, le groupe a annoncé l'abandon des activités "Private debt" - les crédits privés accordés à ses clients - qui représentent encore des engagements de 800 millions, soit 2% du total des crédits accordés par la banque. Cette dernière va concentrer ses activités de prêt sur les crédits lombards et hypothécaires.
«Nous avons entrepris des mesures essentielles pour supprimer toutes les incertitudes liées à notre activité 'Private debt' et aux répercussions futures de cet incident sur nos résultats financiers», a souligné le président Romeo Lacher.
Attentes du marché manquées
Dans l'immédiat, la banque a vu ses résultats lourdement pénalisés par cette affaire. Entre janvier et décembre 2023, le groupe zurichois a vu son bénéfice net (IFRS) chuter de 52% à 454 millions de francs. Ce repli est la conséquence d'une perte nette sur crédits de 606 millions de francs ayant occasionné un amortissement de 586 millions.
Le profit net ajusté a quant à lui chuté de 60,2% à 471,7 millions de francs, tandis que le produit d'exploitation s'est contracté de 15,9% à 3,24 milliards.
La banque a néanmoins profité d'importants afflux nets d'argent nouveau de 12,5 milliards de francs l'année dernière, après 8,7 milliards en 2022. Les avoirs sous gestion ont pour leur part progressé de 0,8% à 427,4 milliards fin décembre dernier.
Ces chiffres clés sont inférieurs aux prévisions des analystes interrogés par l'agence AWP. L'établissement a notamment clairement manqué le coche au niveau du bénéfice net (IFRS) anticipé à 802 millions par le marché.
Les actionnaires recevront malgré tout un dividende inchangé de 2,60 francs par action.
L'établissement n'a fait aucune mention de ses perspectives pour l'année en cours ou quant à ses objectifs à moyen terme.
Fin novembre 2023, Julius Bär avait fait état d'une importante exposition de 606 millions de francs, répartie en trois prêts accordés "à des entités différentes au sein d'un conglomérat européen" non identifié. Cette dernière est liée à René Benko, avait alors indiqué une source à l'agence AWP. La banque avait parallèlement annoncé une provision sur crédits de 82 millions de francs, dont 70 millions pour cette exposition à risques.
Le groupe autrichien en faillite Signa co-détient en Suisse, via plusieurs filiales, notamment les grands magasins Globus. (awp/hzi/ps)