Environ sept semaines avant le vote prévu le 3 mars, l'initiative "Mieux vivre à la retraite" aurait remporté la majorité populaire, indique le sondage réalisé pour la SSR par l'institut gfs.bern. Le pourcentage du "oui" est toutefois inférieur de 10% par rapport au sondage publié la semaine passée par Tamedia et 20 Minuten.
Plus d'un tiers des sondés (36%) pensent voter contre cette initiative de l'Union syndicale suisse (USS). Un chiffre plus haut que dans le sondage Tamedia/20 Minuten, qui donnait un refus de 28%. Les indécis ne sont que 3%.
Soutiens bourgeois
Dans l'éventail des partis politiques, la 13e rente AVS rencontre une forte approbation à gauche et chez les personnes non affiliées à une formation.
Les sympathisants de l'UDC (57%) et du Centre (53%) approuvent aussi majoritairement le texte, affichant leur divergence avec la direction de leurs partis, favorables au "non". Seules les personnes proches du PLR et des Vert'libéraux rejettent l'initiative, à respectivement 56 et 57%.
La critique du projet augmente avec le revenu et le niveau de formation, mais elle ne parvient pas à réunir de majorité même dans les groupes les plus aisés et éduqués, qui l'approuvent encore à 57%. Les femmes sont plus nombreuses à dire "oui" (64%) que les hommes (58%).
Pas de fossé ville-campagne
L'approbation est plus élevée en ville (64%) qu'à la campagne (56%), mais elle est majoritaire sur l'ensemble du territoire. Le niveau du "oui" est plus faible en Suisse alémanique (56%) que du côté francophone (76%) et italophone (79%).
Lancée par l'USS ainsi que des organisations féminines et de retraités, l'initiative populaire demande le versement d'une rente de vieillesse supplémentaire, du même montant que la rente AVS perçue chaque mois. Cela correspond à une hausse mensuelle des rentes de 8,33%.
Compenser la disparition du 2e pilier
Pour les partisans du "oui", l'argument le plus convaincant est que la 13e rente AVS compense la disparition du 2e pilier. Vient ensuite la nécessité d'améliorer la situation financière des retraités, puis le comblement de la lacune des rentes chez les femmes.
Un seul argument contre l'initiative parvient à convaincre une majorité, celui selon lequel une 13e rente va entraîner une hausse des TVA et de l'imposition des salaires. L'argument clé du camp adverse, à savoir que la charge financière créée compromet l'avenir de la rente est majoritairement rejeté, mais s'avère le plus efficace pour un "non" à l'initiative.
Initiative PLR soutenue par le seul PLR
L'initiative sur les rentes des Jeunes PLR, qui prévoit de relever l'âge de la retraite AVS à 66 ans pour tous, puis de lier la hausse à l'espérance de vie, est elle rejetée par 53% des sondés, contre 41% qui l'approuvent.
Il reste encore 6% d'indécis, pointe l'étude. Les mots d'ordre des partis n'étaient par ailleurs pas encore tous connus au moment du sondage.
Les sympathisants du PLR sont les seuls à approuver le projet, à 61%. Les Vert'libéraux sont divisés (49% pour, 41% contre). Toutes les autres formations sont contre l'initiative.
Toutes les classes d'âge rejettent le texte, sauf les retraités qui l'approuvent à 54%. Les deux sexes y sont presque également opposés. La Suisse romande et la Suisse alémanique sont au même niveau de refus (54%), contre 43% pour la Suisse italienne. Dans cette dernière région, 45% des sondés approuvent l'initiative, mais il reste 12% d'indécis.
Les opposants font principalement valoir que les détenteurs de hauts revenus conserveront l'option de partir tôt à la retraite, ce qui amplifiera les inégalités, et que les personnes âgées ne sont plus demandées sur le marché du travail, voire plus en mesure de travailler.
Parmi les arguments en faveur du texte, le principal est que l'augmentation de l'âge de la retraite est nécessaire pour financer durablement l'AVS.
Le sondage a été réalisé entre le 8 et le 21 janvier auprès de 19'490 titulaires du droit de vote. La marge d'erreur est de +/- 2,8%. (awp/hzi/ps)