La Banque nationale suisse (BNS) poursuit sa politique d'assouplissement monétaire et abaisse ainsi jeudi son taux directeur de 25 points de base, le portant à 0,25%. La décision est motivée par la faiblesse de la pression inflationniste et des «risques accrus de révision à la baisse du renchérissement», selon les indications fournies par la BNS.
Depuis le dernier relevé de décembre, l'inflation en Suisse a évolué conformément aux prévisions, passant à 0,3% en février de 0,7% à la fin de l'année dernière. Ce ralentissement s'explique principalement par le repli des prix de l'électricité.
Dans son communiqué, l'institut d'émission précise comme il en a l'habitude qu'il restera attentif à la situation et adaptera si nécessaire sa politique monétaire afin de garantir que l'inflation reste à moyen terme dans la plage de stabilité des prix.
Ce nouvel abaissement, qui entrera en vigueur ce vendredi, est conforme aux attentes des économistes interrogés par AWP, qui tablaient dans leur grande majorité sur une baisse de 0,25%.
Il s'agit de la cinquième baisse consécutive depuis le 1er trimestre 2024. La BNS a commencé à abaisser graduellement son taux directeur en mars de l'année dernière, celui-ci passant alors de 1,75% à 1,50%. Lors de la dernière décision de politique monétaire en décembre, l'institut d'émission avait pris les marchés par surprise en procédant à un coup de rabot de 50 points de base.
Peut-être des taux négatifs en 2026
Pour Karsten Junius, chef économiste chez J. Safra Sarasin, la baisse du jours est la première et sera vraisemblablement la dernière de l'année 2025. La BNS a été précurseure dans le cycle global de l'abaissement des taux directeurs et boucle la boucle ce jeudi. L'avis est partagé par Adrian Prettejohn, économiste chez Capital Economics.
L'analyse est la même pour Philipp Burckhardt, du gestionnaire d'actifs Lombard Odier IM. «La BNS va désormais attendre et observer», affirme-t-il. Le regard des banquiers centraux sera tourné vers l'Europe, qui réfléchit à son avenir dans un contexte troublé par les politiques du président américain Donald Trump, mais également vers la demande et le moral des consommateurs en Suisse.
La BNS considère que l'évaluation du franc est fondamentalement justifiée et que l'impact sur l'inflation importée s'estompe actuellement, affirme Arthur Jurus, chef stratégiste auprès d'Oddo BHF. Ce spécialiste est l'un des rares qui s'attend à un taux zéro d'ici la fin de l'année, voire même un basculement en territoire négatif en 2026. (awp/hzi/ps)