Pour bien des Suisses, les fonds accumulés dans leur caisse de pension constituent l’essentiel de leur fortune. Mais ils ne savent de loin pas tous comment, par des achats et retraits adroits, ils peuvent bénéficier de ce stock de capital. En ces temps de taux bas, l’institution de prévoyance est une variante attrayante pour réaliser des rendements respectables.
Sur les marchés des capitaux, la guerre d’Ukraine engendre des risques géopolitiques. Les valeurs à revenu fixe ont parfois un rendement négatif. Quant aux intérêts sur les comptes bancaires et sur le compte de prévoyance 3a fiscalement privilégié, ils tendent vers zéro.
En comparaison, l’intérêt minimal sur les fonds de la prévoyance professionnelle obligatoire se situe au moins autour de 1% cette année et nombre d’institutions de prévoyance offrent un intérêt nettement plus élevé. « Si l’on peut se le permettre, des rachats dans la caisse de pension sont souvent une bonne chose », pense Erwin Heri, professeur de finance à l’Université de Bâle et associé au portail financier Fintool.
Economiser des impôts
Les rachats volontaires améliorent les prestations une fois l’âge venu. En outre, ils sont fiscalement intéressants. Le montant versé est entièrement déductible de l’impôt sur le revenu.
On obtient le rendement le plus élevé en rachetant durant les années précédant la retraite. Avec l’âge, le salaire et la progression de l’impôt atteignent en général leur sommet. Si les rachats sont répartis sur plusieurs années, ils permettent globalement d’économiser davantage d’impôts que si l’on paie tout d’un seul coup.
Comme pour tout investissement, en rachetant dans la caisse de pension il s’agit de comparer le rendement visé avec les risques encourus. Il importe de savoir si l’argent versé est crédité à la partie obligatoire ou à la partie surobligatoire de la caisse. En général, les moyens supplémentaires sont crédités à l’avoir surobligatoire. Or ce capital est souvent moins bien rétribué que les fonds de l’obligatoire LPP qui comportent un taux d’intérêt minimal fixé par la loi.
Colmater les lacunes de contributions
Des rachats sont en principe autorisés lorsque l’assuré n’a pas encore acquis l’entier des prestations possibles en fonction du règlement de la caisse de pension. Une telle lacune peut découler de hausses de salaire, d’années de cotisations manquantes par suite d’une entrée tardive dans la vie professionnelle ou d’une interruption de celle-ci. Un changement d’emploi peut aussi générer un trou dans les cotisations. De manière générale, il n’y a pas assez de capital vieillesse à disposition par rapport au salaire du moment.
Dns un premier temps, cependant, il s’agit d’élucider sa situation personnelle. Les conditions personnelles de revenu et de fortune influencent le niveau des versements dans la caisse de pension. Il va de soi que le capital supplémentaire versé et l’excédent d’avoirs vieillesse demeurent liés jusqu’à la retraite. Y toucher prématurément n’est envisageable que dans des cas d’exception, notamment pour l’achat d’un logement en propriété, lorsqu’on se rend indépendant ou que l’on émigre.
Par ailleurs, la question du capital racheté reste ouverte en cas de risque tel que la décès ou l’invalidité avant la retraite. Le règlement de l’institution de prévoyance informe si l’argent versé en cas de décès de l’assuré va ou non à son partenaire dans la vie.
Il importe aussi de jauger l’état de santé d’une caisse de pension. Si elle est en situation de sous-couverture ou que son degré de couverture est de tout juste 100%, mieux vaut y regarder de près. En principe, les institutions de prévoyance passent pour sûres. Mais si une caisse de pension devait faire faillite, le fonds de garantie LPP est prêt à reprendre les prestations jusqu’à un montant dépassant nettement les 100 000 francs par assuré.
De l’argent pour son chez-soi
Au lieu de verser plus d’argent à sa caisse de pension, il est aussi possible d’y prendre de l’argent. En général, cela se produit en cas d’achat d’un logement en propriété. Par ce qu’il appelle l’encouragement à la propriété du logement, le législateur entend aplanir, en particulier pour les jeunes encore peu ou pas fortunés, le chemin vers la propriété privée. Mais lorsqu’on entend exaucer son rêve d’avoir son propre chez-soi à l’aide des ressources financières tirées de la caisse de pension, il faut s’attendre à une rente de vieillesse plus réduite. Un retrait anticipé de son capital LPP diminue notablement la rente de retraite.
Le nantissement constitue une alternative intéressante à l’encaissement de son avoir de prévoyance. Avec cette solution, le pourvoyeur de crédit alloue un prêt hypothécaire supplémentaire qui correspondant à 90% de la somme nantie. En cas de nantissement, l’argent reste dans la caisse de pension. L’assuré a toujours droit aux prestations pleines et entières et peut continuer de procéder à des paiements à son institution de prévoyance.