L'initiative «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne» (initiative sur les rentes) prévoit de relever l'âge de la retraite AVS à 66 ans pour tout le monde d'ici 2033.

Cette adaptation serait effectuée tous les ans par tranche de deux mois au maximum et serait communiquée aux personnes concernées cinq ans avant leur sortie du monde du travail. Une fois cette étape atteinte, la hausse serait liée à l'espérance de vie. Il en résulte une augmentation d'environ un mois par an.

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La retraite à 67 ans interviendrait dès 2043. Celle à 69 ans en 2070. Ce mécanisme permettrait de passer 20% de sa vie à la retraite. L'AVS pourrait économiser 2 milliards de francs par an dès 2033.

Réalité ignorée

Le texte ignore la réalité vécue par les seniors sur le marché du travail, avancent les opposants. Aujourd'hui déjà, il est difficile pour les travailleurs âgés au chômage de retrouver du travail. L'initiative renforcerait la problématique et les coûts seraient transférés vers d'autres assurances sociales.

De plus, l'initiative ne ferait qu'exacerber les inégalités sociales. Les gros salaires continueraient à prendre une retraite anticipée au lieu de verser des cotisations. Par contre, la classe moyenne et les personnes qui ont de petits revenus seraient obligées de travailler plus longtemps alors qu'elles ont également une espérance de vie plus basse, critiquent les syndicats.

Trop rigide

Le mécanisme des Jeunes PLR est «trop rigide». Il serait appliqué quelle que soit la situation des travailleurs âgés, sans tenir compte de leur santé, de l'évolution économique ou de l'emploi, renchérit le Conseil fédéral.

Par ailleurs, l'automatisme prévu par le texte empêche tout débat politique autour de l'âge de la retraite, ce qui est contraire à la tradition politique suisse, rappelle la ministre des assurances sociales Elisabeth Baume-Schneider.

Selon elle, le texte affaiblirait le système. Un relèvement de l'âge de la retraite seul ne suffit pas à assurer le financement de l'AVS et doit être accompagné d'autres mesures et d'un financement additionnel. Le gouvernement planche déjà sur une nouvelle réforme pour stabiliser l'AVS entre 2030 et 2040.

Des solutions raisonnables

Les Jeunes PLR argumentent que leur solution est raisonnable et similaire à ce qui se fait dans certains pays européens. L'initiative s'inspire notamment des Pays-Bas, du Danemark, de l'Allemagne et d'autres pays qui ont décidé de relever l'âge de la retraite à 67 ans voire plus dans les dix prochaines années.

Les expériences faites à l'étranger sont encore trop limitées pour en tirer des conclusions. Les effets ne peuvent généralement être évalués qu'après plusieurs années, rappelle le Conseil fédéral.

Le danger démographique

Pour les Jeunes PLR, un non serait «absolument irresponsable et constituerait une gifle pour les générations à venir». L'AVS est en difficulté financière et, sans intervention, elle enregistrera un déficit de 80 milliards d'ici 2050, avertissent-ils.

«Les finances de l'AVS seront mises à rude épreuve par l'évolution démographique et l'augmentation de l'espérance de vie», indique le comité d'initiative. Entre 1948 et aujourd'hui, la durée de perception des rentes a presque doublé. De plus, ces dix prochaines années, environ un million de "baby-boomers" quitteront la vie active.

Une durée de travail allongée entraîne aussi des dépenses moins élevées pour l'AVS, ainsi qu'une hausse des recettes fiscales pour la Confédération, les cantons et les communes, annoncent les partisans. Elles pourraient s'élever à 2 milliards de francs en 2050.

Tenir une promesse

Le passage de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans a été accepté du bout des lèvres en septembre 2022 et n'est pas encore en vigueur. La promesse de renoncer à une nouvelle hausse, faite durant la campagne, doit être tenue, ont rappelé les opposants.

Le PLR a trouvé du soutien chez son allié de droite. L'UDC Suisse a annoncé soutenir l'initiative, tout comme les faîtières économiques et certaines sections cantonales du Centre. Tous les autres la jugent «antisociale, technocratique, antidémocratique et inadaptée pour réformer la prévoyance vieillesse».

Selon le premier sondage SSR, 53% des Suisses glisseront un non dans les urnes. Toutes les classes d'âge rejettent le texte, sauf les retraités. (awp/hzi/ps)