Au cours des vingt dernières années, les primes d'assurance maladie ont plus que doublé, alors que les salaires et les rentes n'ont guère augmenté, a souligné le comité d'initiative devant les médias à Berne. Cela met de plus en plus de personnes en difficultés financières.

Les primes sont devenues trop élevées, même pour une grande partie de la classe moyenne. «Avec l'initiative d'allègement des primes, nous mettons fin à cette folie. Les primes seraient plafonnées et ne pourraient plus représenter plus de 10% du revenu disponible», explique la co-présidente du PS Mattea Meyer.

Partner-Inhalte
 
 
 
 
 
 

L'initiative du PS ne profiterait pas uniquement aux personnes à bas salaires, mais renforcerait également le pouvoir d'achat des familles, des retraités et des personnes à revenus moyens, souligne Mme Meyer.

Selon les initiants, une famille de quatre personnes avec un revenu moyen de 9000 francs nets par mois serait ainsi soulagée de plusieurs centaines de francs par mois. Les retraités et les personnes seules dont le revenu net ne dépasse pas 5000 francs en profiteraient également.

Pression sur les personnes précaires

Les coûts de la santé représentent une charge énorme pour les personnes touchées ou menacées par la pauvreté, soit environ une personne sur six en Suisse. «Notre expérience montre clairement que de plus en plus de personnes ne peuvent plus supporter la hausse des primes d'assurance-maladie», déclare le directeur de Caritas, Peter Lack.

Alors qu'en 2010, un peu plus de 5% des personnes renonçaient à consulter un médecin pour des raisons financières, ce chiffre s'élève à 18,8% en 2023, ajoute Philippe Luchsinger, président de mfe Médecins de famille et de l'enfance Suisse. «Grâce à l'initiative, nous améliorons l'accès de ces personnes à notre système de santé, y compris pour les enfants.»

Pression sur la politique

Si le peuple accepte l'initiative, une partie de la facture sera adressée à la collectivité et au monde politique, qui devra prendre ses responsabilités et faire les économies qui s'imposent, explique le conseiller aux Etats (VD) et président de l'Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard. Le payeur de prime ne sera plus tout seul pour régler la question.

«L'initiative met en place les bonnes incitations. Fermer les yeux coûterait à l'avenir encore plus cher que jusqu'à présent», ajoute Mattea Meyer.

Appel aux esprits libéraux

Pierre-Yves Maillard voit dans les primes un «impôt anormal» qui augmente tout seul, sur la base de décisions privées, seulement validées par l'administration. «Le consentement à l'impôt est pourtant l'un des principes libéraux et démocratiques de base. J'aimerais que les esprits libéraux de notre pays se réveillent.»

«La prime d'assurance maladie est de plus la seule à n'avoir aucun plafond, aucune limite, et ce, sans que l'on ait besoin d'expliquer où va l'argent», ajoute le Vaudois. Selon lui, il est enfin temps de mettre dans la Constitution un plafond à cette contribution obligatoire.

Quant à la menace de coûts exorbitants brandie par les opposants, le président de l'USS souligne que l'initiative n'amène aucune prestation supplémentaire. Il rappelle également les modèles déjà existants de plafonnement dans les cantons de Vaud et des Grisons, où les impôts n'ont pas augmenté.

Le 9 juin, le peuple suisse aura une chance qui ne se représentera pas avant longtemps, conclut Pierre-Yves Maillard. «Il pourra corriger une anomalie fiscale scandaleuse et donner une limite constitutionnelle au pire des impôts.»

Sondages favorables

Les Suisses semblent pour l'heure aller dans le sens des initiants. Un sondage publié le 13 mars par Tamedia et «20 Minuten» a montré que 64% des personnes interrogées étaient favorables à l'initiative pour l'allègement des primes.

Une autre étude commandée par le PS à l'institut Sotomo, réalisée entre le 21 mars et le 4 avril auprès d'un millier de personnes, montre qu'environ 60% d'entre elles voteraient en faveur du texte. Seule la base du PLR rejetterait l'initiative. (awp/hzi/ps)