Le premier groupe bancaire helvétique avance cependant à grand pas avec l'absorption de son ex-rivale, engrangeant au passage d'importants afflux de liquidités dans la gestion de fortune.
"Nous poursuivons rapidement l'intégration de Credit Suisse et avons été, pour la première fois depuis l'acquisition, bénéficiaires sur une base comparable et sur l'ensemble d'un trimestre", s'est félicité le directeur général d'UBS Sergio Ermotti.
Le patron tessinois, revenu début avril aux commandes de la banque aux trois clés après le sauvetage de Credit Suisse ordonné par la Confédération, a cependant fait état d'un troisième trimestre marqué par "de fortes incertitudes, une détérioration de l'environnement géopolitique et un changement rapide des prévisions économiques".
UBS a dévoilé mardi des résultats trimestriels comprenant pour la première fois sur l'ensemble du partiel la performance de son ex-concurrente malheureuse. Cette fusion hors normes ne permet pas vraiment une comparaison des résultats qui ne comprenaient au troisième trimestre 2022 que les seuls chiffres de la banque aux trois clés.
Entre juillet et fin septembre, le numéro un bancaire suisse a inscrit une perte nette de 785 millions de dollars (706 millions de francs), contre un bénéfice net de 1,7 milliard un an plus tôt, mais le 3e partiel 2022 ne comprenait que la seule performance d'UBS.
En excluant les effets liés à l'intégration de Credit Suisse, la nouvelle entité a par contre enregistré un bénéfice de base avant impôts de 844 millions de dollars.
La perte nette est certes supérieure aux prévisions des analystes consultés par l'agence AWP, mais le résultat de base avant impôts est nettement supérieur aux propres estimations de la banque. Cette dernière tablait en effet fin août sur un résultat seulement autour de l'équilibre.
"Ces résultats démontrent que nous avons non seulement stabilisé l'activité de Credit Suisse, mais que nous avons aussi pu rassurer nos clients sur la qualité de notre activité combinée", a estimé M. Ermotti.
L'établissement de la Paradeplatz a engrangé des afflux nets d'argent nouveau de 22 milliards de dollars dans l'activité de gestion de fortune, son coeur de métier, après 16 milliards au trimestre précédent. Dans cette activité avec la clientèle fortunée, l'entité Credit Suisse a enregistré des apports de liquidités de 3 milliards, après de très lourds reflux de 39,2 milliards au deuxième partiel.
Alors que la banque a quasiment doublé ses charges sur un an à 11,6 milliards, elle a indiqué avoir réalisé des économies brutes de 3 milliards liées à l'intégration de Credit Suisse sur les neuf premiers mois de l'année. Le groupe table sur d'autres réductions des coûts, non chiffrées, d'ici fin 2023. Les charges liées à l'intégration se sont quant à elles élevées à 2 milliards.
Quelque 4000 postes supprimés
La banque a également progressé dans la vente des actifs ne faisant pas partie de son coeur de métier et placés dans une unité de défaisance, dégageant 1 milliard de fonds propres durs (CET1) et réduisant les actifs à risques (RWA) de 6,4 milliards de dollars. Cet héritage toxique s'élève encore à 30 milliards et devrait être réduit de moitié d'ici 2026.
Comparé à fin 2022, les effectifs combinés du géant bancaire ont reculé de 13'000 postes à 115'900 équivalents temps plein fin septembre. Sur le seul 3e trimestre, 4000 postes ont été supprimés. M. Ermotti avait indiqué fin août que la banque allait supprimer 3000 postes en Suisse dans les deux prochaines années. Au niveau mondial, les spéculations évoquent 35'000 emplois élagués, mais aucune précision n'a été apportée à ce sujet.
La direction table sur une réduction des coûts de 10 milliards de dollars d'ici fin 2026, comparé à l'année dernière. Les autres objectifs financiers ont également été confirmés. Une stratégie sur trois ans doit être présentée en février.
L'intégration de Credit Suisse, reprise mi-mars sous l'égide de la Confédération alors qu'elle se trouvait au bord de la faillite, doit se poursuivre en 2024 avec la fusion juridique des différentes filiales et le début de la migration des clients vers UBS. La marque Credit Suisse sera maintenue jusqu'à finalisation du passage des clients chez UBS, agendé pour 2025.
"UBS a réalisé des progrès visibles depuis la finalisation de l'accord" de reprise mi-mars, "mais continue de faire face à une tâche immense", ont averti les experts de Vontobel. La banque doit conserver ses clients et une partie des employés, tout en faisant face à d'importants coûts de restructuration. Elle doit aussi gérer la migration des services informatiques, ainsi que les litiges juridiques - notamment en France - et vendre les activités dont elle veut se défaire. (awp/hzi/ps)