Selon une nouvelle étude Swiss Life, environ un quart de la population suisse travaille au-delà de l’âge de référence. Près de la moitié des personnes âgées de 50 à 63/64 ans serait disposée à le faire pour autant que leur état de santé le permette et que conditions de travail et aspects financiers soient conformes à leurs attentes.

Jamais l’espérance de vie en Suisse n’a été aussi élevée qu’en 2023. Cette tendance devrait se poursuivre: selon les dernières projections de l’Office fédéral de la statistique (OFS), la durée de vie moyenne des personnes de 65 ans pourrait encore s’allonger de trois ans d’ici 2050. Certes, en mars, la population a clairement rejeté un relèvement de l’âge de référence et son indexation sur l’espérance de vie. A moyen terme, cette question n’est toutefois pas écartée: le Conseil fédéral doit présenter d’ici 2026 un projet pour garantir durablement le financement de la prévoyance vieillesse. «Compte tenu du vieillissement démographique, le thème de l’activité lucrative à partir de 65 ans reste d’actualité, indépendamment de la question politique sur l’âge de référence. C’est pourquoi nous avons examiné différents aspects du travail à l’âge de la retraite dans notre nouvelle étude», explique Andreas Christen, responsable de la recherche sur la prévoyance chez Swiss Life Suisse.

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Environ un quart de la population travaille au-delà de l’âge de référence 

En Suisse, ces dernières années, entre 180 000 et 200 000 personnes de 65 ans et plus ont travaillé au moins une heure par semaine contre rémunération. De 2018 à 2022, le taux d’actifs occupés des hommes de 66 ans a été en moyenne de 30% et celui des femmes de 65 ans, de 21%, avec des différences au sein de la population: plus le niveau d’éducation est élevé, plus la participation au marché du travail est élevée. S’agissant des personnes de 65 à 70 ans, cette participation est plus élevée en Suisse alémanique (23%) qu’en Suisse romande et en Suisse italophone (16% et 17% respectivement). Chez les couples vivant ensemble, tant les hommes (41% contre 21%) que les femmes (37% contre 13%) de 65 ans et plus sont nettement plus susceptibles d’exercer une activité lucrative si leur conjointe ou conjoint travaille également.

Le taux d’actifs occupés des personnes de 65 ans et plus augmente dans l’OCDE, mais pas en Suisse

En comparaison internationale, le taux d’actifs occupés des personnes de 55 à 64 ans en Suisse est élevé. Il a continué d’augmenter ces dernières années, notamment en raison d’une plus forte participation des femmes au marché du travail. La situation est tout autre en ce qui concerne le taux d’actifs occupés des personnes âgées de 65 à 69 ans: en Suisse, il a augmenté pour atteindre 23% en 2016, mais il stagne depuis. En revanche, il a continué de progresser dans les groupes de pays de l’OCDE étudiés par Swiss Life, également dans les pays voisins. Ainsi, en Suisse, la participation au marché du travail des personnes de 65 ans et plus reste plus élevée que dans les pays voisins, mais elle se situe seulement dans la moyenne par rapport aux pays de l’OCDE.

Les personnes qui travaillent à l’âge de la retraite exercent le plus souvent une activité indépendante ou sont employées dans de très petites entreprises

En Suisse, la plupart des personnes qui exercent une activité lucrative à l’âge de la retraite travaillent à temps partiel: le taux d’occupation moyen est de 46%. Environ la moitié exerce une activité indépendante ou travaille dans une entreprise familiale. A titre de comparaison, ce taux n’est que de 20% chez les personnes âgées de 55 à 59 ans. «Globalement, les données de notre enquête représentative effectuée auprès de 2000 personnes âgées de 50 à 70 ans montrent que les personnes travaillant au-delà de l’âge de référence sont deux fois plus nombreuses dans les très petites entreprises que dans les grandes entreprises», explique Nadia Myohl, chercheuse en prévoyance chez Swiss Life Suisse. 71% des personnes de 50 à 70 ans interrogées par Swiss Life pensent que l’on continue à travailler à l’âge de la retraite pour des raisons financières. En réalité, seul environ un tiers des personnes interrogées qui travaillent à l’âge de la retraite mentionne cette raison. 70% déclarent exercer une activité lucrative parce qu’elles aiment travailler. 

La hausse du temps de travail non rémunéré ne compense pas la baisse du travail rémunéré

Contrairement au travail rémunéré, le nombre moyen d’heures de travail non rémunéré effectuées au début de l’âge de la retraite, par exemple les tâches ménagères et le travail bénévole, est légèrement plus élevé qu’auparavant, notamment en raison de la prise en charge des (petits-)enfants. Si l’on regroupe le travail non rémunéré et le travail rémunéré, le nombre moyen d’heures travaillées par semaine chez les femmes de 65 à 69 ans reste toutefois environ 20% inférieur à celui des femmes de 60 à 64 ans. Chez les hommes, la différence est d’environ 30%.

Près de la moitié des personnes interrogées peut envisager de travailler plus longtemps sous certaines conditions

Un peu plus d’un tiers des personnes de 50 à 60 ans interrogées partent du principe qu’elles exerceront encore une activité lucrative à l’âge de 66 ans. Toutefois, si elles pouvaient choisir librement, 55% cesseraient complètement leur activité lucrative avant l’âge de 65 ans. Seules 21% des personnes interrogées souhaiteraient prendre leur retraite après 65 ans. L’enquête Swiss Life montre également que 45% des personnes actives de 50 à 63 et/ou 64 ans pourraient – sous certaines conditions (du moins plus facilement) – s’imaginer travailler au-delà de l’âge de référence. Idéalement, les personnes interrogées souhaiteraient continuer à travailler chez leur employeur précédent et/ou occuper le même poste, mais, dans la plupart des cas, pas au même taux d’occupation. Seules 20% d’entre elles se verraient bien exercer un métier radicalement différent à la retraite, même si c’était le métier de leur rêve. 

Une bonne santé, l’estime de l’employeur et des rentes plus élevées sont des conditions préalables à la poursuite du travail

Plus les personnes actives âgées évaluent favorablement leur situation actuelle en matière de travail et de santé, plus elles sont disposées à poursuivre une activité lucrative à l’âge de la retraite. On note également des différences entre les catégories professionnelles: un peu plus de la moitié des personnes interrogées occupant des fonctions de cadre de bureau déclare être disposée à exercer une activité lucrative à l’âge de la retraite, contre seulement environ un tiers des travailleuses et travailleurs manuels. 59% des personnes actives dans des entreprises employant au maximum neuf collaboratrices et collaborateurs peuvent s’imaginer prendre une retraite différée, contre seulement 36% de celles en poste dans de grandes entreprises. Interrogées sur les conditions requises pour continuer à travailler à l’âge de la retraite, deux tiers des personnes actives âgées citent «une bonne santé» et environ la moitié une «bonne ambiance de travail» ou «l’estime de l’employeur». Des aspects financiers comme une «rente plus élevée» (38%) ou des questions ayant trait aux conditions de travail comme la «possibilité de réduire le taux d’occupation» (35%) sont aussi souvent cités comme des conditions exigées pour la poursuite de l’activité lucrative. (Swiss Life/hzi/ps)

A propos de la méthodologie

L’étude s’appuie d’abord sur des données de l’OCDE et de l’Office fédéral de la statistique (en particulier sur les données de l’Enquête suisse sur la population active). Elle repose également sur une enquête représentative de la population linguistiquement assimilée menée dans toute la Suisse par l’institut d’études de marché ValueQuest pour le compte de Swiss Life en janvier et février 2024. 2023 personnes âgées de 50 à 70 ans ont participé à l’enquête en ligne. La marge d’erreur de l’enquête est de 2,2% pour l’ensemble de l’échantillon, sur la base d’un écart type de 0,5 et d’un niveau de confiance de 95%. Les calculs utilisés dans l’étude et basés sur ces données ont été réalisés par les auteurs et autrices de Swiss Life. Les questionnaires ont été en grande partie développés par Swiss Life et complétés par ValueQuest. 
La présente étude s’intéresse avant tout à la perspective de la population active. Le rôle des employeurs fera l’objet d’une prochaine publication.