«On est passé à côté d'une occasion pour les plus de 360'000 personnes concernées», a regretté la conseillère aux Etats PLR fribourgeoise Johanna Gapany. Selon elle, cette réforme était compliquée à expliquer.

On va devoir se remettre au travail. La mission reste la même, car aujourd'hui, il y a de plus en plus de personnes qui travaillent à temps partiel ou qui cumulent plusieurs jobs et qui ne touchent pas de rentes ou des rentes trop petites, a-t-elle relevé.

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Pour le PLR, les déficits gigantesques sont programmés. Il s'engagera donc pour «la sécurité des rentes avant toute extension des prestations».

L'UDC estime aussi que la prévoyance professionnelle personnelle ne doit pas être touchée. Le parti juge les plans d'extension de la gauche totalement irresponsables et préjudiciables au modèle des trois piliers.

Les solutions de l'économie

L'Union suisse des arts et métiers (usam) déplore le rejet de la réforme. Dans ce contexte, la faîtière réclame une révision "ambitieuse" de l'AVS. Elle va se battre pour un relèvement progressif de l'âge de la retraite, ce qui permettra de renforcer le deuxième pilier.

L'alliance économique, qui était opposée à la réforme LPP, salue au contraire le résultat. «Aujourd'hui, nous célébrons la victoire des trois piliers et soulignons le caractère d'épargne de la prévoyance professionnelle», résume Christophe Reymond, directeur du Centre Patronal.

Le comité estime qu'une baisse échelonnée du taux de conversion pourrait contribuer à éviter des réductions de rentes substantielles. Et les pertes causées par l'abaissement du taux de conversion doivent être compensées de manière ciblée. Des réformes sont nécessaires au vu de l'évolution démographique, souligne aussi economiesuisse.

Une pause dans les réformes

Le président du comité du oui Gerhard Pfister pointe lui les divisions au sein de la droite. L'alliance bourgeoise a été minée par des sections UDC et certains élus PLR qui étaient contre.

Interrogé sur la suite des événements, le conseiller national zougois ne s'est pas prononcé: «La balle est désormais dans le camp du Conseil fédéral. Mais, selon lui, il serait indiqué de faire un 'time-out'». La décision du peuple doit être prise au sérieux.

L'Association suisse des Institutions de prévoyance (ASIP) plaide aussi pour une pause dans les réformes afin de restaurer la confiance, sérieusement ébranlée à l'égard du deuxième pilier. Avec ce rejet, c'est la troisième fois après 2010 et 2017 qu'un projet sur la prévoyance professionnelle échoue.

Pour Alliance F, la faîtière des associations féminines, la Suisse a manqué une «chance historique», celle d'améliorer la situation des retraites de nombreuses femmes dans le pays. Elle demande des solutions pour améliorer leur situation, notamment de meilleures conditions-cadres pour concilier famille et travail.

Améliorer les rentes

Pour la gauche, le non du peuple sonne comme une leçon pour la droite. «Les partis bourgeois ont perdu la confiance de leur base», estime le président de l'Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard. Le message du peuple est clair: il veut une amélioration des rentes, pas leur dégradation.

«Le seul moyen d'améliorer les rentes des petits salaires, c'est de mettre une dose de solidarité dans le système», a martelé le Vaudois. C'était le compromis de départ auquel étaient parvenus les partenaires sociaux et qui a été détricoté au Parlement.

Dès lundi, plusieurs motions vont être déposées sur le bonus éducatif pour les femmes en particulier, le plafonnement des frais de gestion de fortune qui consomment 8 milliards par année, ainsi que sur le seuil d'entrée notamment pour les jeunes générations, a-t-il annoncé.

«Nous devons maintenant renforcer durablement les rentes et introduire une compensation automatique du renchérissement, également pour les rentes existantes», a déclaré pour sa part Mattea Meyer, co-présidente du PS.

Les Vert-e-s se réjouissent aussi du rejet de «cette mauvaise réforme». Pour eux, il s'agit maintenant d'améliorer enfin les rentes des femmes. Ils s'engageront pour des bonifications pour tâches éducatives et d'assistance, solidairement financées. (awp/hzi/ps)