En quelques années seulement, la CSS a ramené les différences salariales entre femmes et hommes de 3,3 pour cent à 0,1 pour cent. Comment avez-vous réussi ce tour de force ?
Ces dernières années, nous avons travaillé sans relâche sur cette problématique et mis l’accent sur l’égalité de traitement entre les genres et les générations. Cette réussite, nous la devons surtout à nos dirigeants. En collaboration avec nos conseillères et nos conseillers RH, nous les avons sensibili-sés à la question de l’égalité salariale et travaillé avec eux en ce sens. Les révisions annuelles des salaires, par exemple, constituent une bonne opportunité en la matière. En outre, nous veillons dès le recrutement à ce que les salaires convenus soient équitables. Par ailleurs, nous analysons régulière-ment et méthodiquement notre grille salariale et la comparons avec ce qui se passe sur le marché.
Quelles autres mesures contribuent à l'égalité salariale au sein de votre entreprise ?
Dans le cadre de la révision des salaires, nous déterminons par exemple les conditions à respecter pour la répartition des moyens financiers à disposition. Concrètement, cela signifie que nous définis-sons des principes de répartition clairs que les supérieurs hiérarchiques n'ont plus qu’à suivre lors de l’attribution des augmentations de salaire. Une fois la révision annuelle des salaires terminée, notre service RH évalue les effets obtenus et mesure les améliorations. Afin que les choses soient simples, nous utilisons une jauge unique pour le calcul des salaires. Tous les salaires reposent sur un temps de travail de 100 pour cent.
Dernièrement, nous nous sommes intéressés de près à la problématique des « préjugés incons-cients ». Nous sommes en train de préparer une initiative afin de sensibiliser notre personnel à ces « biais de perception » et à la manière dont ils exercent une influence sur nos décisions. Je pense que cette prise de conscience contribuera à améliorer encore l'égalité salariale.
Outre l'égalité salariale, la conciliation entre vie privée et vie professionnelle revêt également une grande importance. En quoi votre compagnie se distingue-t-elle dans ce domaine ?
La parité entre les genres et la diversité nous tiennent à cœur. C'est pourquoi la CSS intervient de différentes manières. Dans cette optique, nous avons amélioré nos conditions de travail afin de favo-riser la conciliation de la vie professionnelle avec la vie privée : ainsi, nous nous efforçons de proposer essentiellement des postes à temps partiel – en particulier au niveau des cadres dirigeants. Nous cofinançons l'accueil extra-familial, offrons des congés de maternité et de paternité généreux. Autre exemple : des congés sabbatiques permettent aux parents qui travaillent de passer plus de temps d'affilée avec leur famille.
Que recouvre la notion de « conciliation » à vos yeux ?
Je suis père de trois enfants et sais donc à quel point l’équilibre en la vie professionnelle et la vie pri-vée est précieux. Il y a toujours beaucoup de choses à planifier et à organiser, et il faut aussi savoir gérer les imprévus. Une bonne conciliation s’avère fort utile dans ces moments-là. Les familles ne sont toutefois pas les seules concernées. Je connais de nombreux proches aidants qui fournissent un précieux travail non rémunéré pendant leurs heures de congé. En Suisse, nous sommes bien avan-cés en matière de conciliation entre vie professionnelle et vie privée, et les conditions générales de travail ont été améliorées. Il reste néanmoins encore beaucoup à faire.
À votre avis, quelles autres mesures sont nécessaires ? À quelles difficultés devons-nous nous attendre ?
Je vois trois grands défis à venir : la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, la jeune génération qui aspire à un monde du travail neuf et différent ainsi que la préservation de la santé au travail.
En ces temps de pénurie de main-d'œuvre qualifiée, des conditions de travail attractives sur le mar-ché jouent de plus en plus un rôle décisif, tout comme l'égalité salariale, une bonne formation initiale et continue ainsi que des méthodes de travail novatrices. Les collaborateurs – tout particulièrement les jeunes générations et les femmes – veulent un travail qui a du sens et véhicule des valeurs. Pour nous, en notre qualité d’entreprise, il est donc essentiel d’arriver à donner du sens à notre activité. Si nos formes de travail hybrides confèrent beaucoup de flexibilité aux membres de notre personnel, elles augmentent également la distance géographique : leur cohésion interpersonnelle revêt donc une importance d’autant plus grande. À charge pour les RH de veiller à une bonne articulation du monde du travail et à un équilibre optimal entre liberté individuelle, esprit de solidarité et bénéfice élevé pour la clientèle et l’entreprise.
Comment abordez-vous la question de la santé au travail ?
Dans notre étude de l’année dernière consacrée à la santé, la population suisse a cité le stress pro-fessionnel comme le facteur d’altération de la santé par excellence. En ma qualité de responsable RH, ce résultat me donne à réfléchir. J'observe que l’augmentation de la complexité du monde du travail s’accompagne d’une intensification de la pression sur le personnel. À la CSS, nous nous sommes fixé comme objectif l’instauration de conditions de travail favorables à la santé psychique et physique de nos collaboratrices et collaborateurs. L’une de nos initiatives consiste par exemple dans les réunions d'équipe que nous réalisons déjà avec Moodtalk*. Adapté sur mesure à l’équipe considérée, l'échange obéit à une trame structurée et donne dès lors une image fidèle de l'ambiance au sein de celle-ci. Nous avons par exemple constaté que les personnes apprenantes ont du mal à donner un feed-back et à formuler ou recevoir des critiques. Dans une autre équipe, nous avons identifié une charge de travail extrêmement élevée, que nous avons jugée délétère.
*Moodtalk est le logiciel d'une start-up uranaise.
Dans l’assurance, à travail égal, salaire égal
Défenseur de l’égalité salariale et de la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle, le secteur de l’assurance s’investit en la matière, notamment en proposant des modèles de travail attractifs. Une enquête récente de l'Université St. Gall montre que la différence salariale inexplicable dans le secteur de l'assurance est de 2,95 pour cent, ce qui est nettement inférieur au seuil de tolérance de 5 pour cent accordé par la Confédération. Le principe selon lequel « à travail égal, salaire égal » est donc respecté.
Collecte de données : résultats des analyses de l'égalité salariale dans les entreprises suisses (pdf)