"La prise de conscience sera cette fois nationale", avance Le Temps. Car, pour la première fois, la Suisse alémanique est fortement impactée également.

Le mythe du Romand "qui court chez le spécialiste pour un bobo" et de l'Alémanique "qui se soigne à la tisane en serrant les dents", ayant vécu, le politique n'a plus vraiment le choix de s'attaquer aux grands tabous du système de santé.

Il y a les pistes faciles, écrit le journal, tel que le dossier électronique du patient qui nécessite un coup d'accélérateur. Et d'autres évidences plus complexes à aborder, comme la rémunération par l'assurance de base de médecins spécialistes qui "frôle le scandale depuis des décennies" ou les liens d'intérêts des élus fédéraux, qui "paralysent tellement de réformes" sur les assurances et les médicaments.

Partner-Inhalte
 
 
 
 
 
 

"Toujours les mêmes qui paient"

S'ajoutent à ce cadre politique bloqué par les lobbies, deux autres problèmes, affirme La Tribune de Genève: un système de tarification inflationniste et opaque et une répartition injuste des efforts financiers entre les cantons et les assurés eux-mêmes.

Et les acteurs du système se renvoient la balle en niant leurs responsabilités. Alors qu'au final, "ce sont toujours les mêmes qui paient", se désole Le Quotidien Jurassien. Un avis partagé par les médias alémaniques. "Là où tout le monde est compétent, personne ne l'est", résume la Neue Zürcher Zeitung. D'autant plus qu'il est facile de faire porter le chapeau au ministre de la santé Alain Berset, sur le départ.

Pour les titres du groupe alémanique CH Media, c'est clair: le Conseil fédéral et le Parlement ont échoué. Et il incombe au nouveau Parlement de s'attaquer en priorité à la maîtrise des coûts de la santé lors de la prochaine législature, lit-on dans les titres alémaniques du groupe Tamedia.

"Politique plus tenable"

"Chaque année, depuis des décennies, la sauce est toujours plus amère. Pour 2024, elle est vraiment écoeurante", se désole de son côté Nicolas Willemin d'Arcinfo. Le journaliste pointe un système de santé qui dysfonctionne avec "d'un côté, des règles fédérales impossibles à appliquer et, de l'autre, des cantons confrontés aux conséquences aberrantes de ces règles".

Les "réformettes" de la droite n'y changeront rien et la gauche ne sait "plus trop comment faire" pour stopper la hausse. Ce qu'il faut surtout, c'est considérer l'assurance maladie comme une assurance sociale avec des primes fixées en fonction du revenu, dit-il. "Le secteur privé n'a pas sa place dans l'assurance de base".

"Une politique de la santé basée sur le profit n'est plus tenable", abonde Le Courrier, qui donne en exemple les 40 à 90% de marges que se font les firmes pharmaceutiques sur les médicaments anticancéreux. "Il est temps de développer un modèle qui place l'humain au centre, affirme le journal genevois. Mais tant que la hausse des coûts repose sur le dos des assurés, l'Etat ne prendra aucune mesure".

"Explication boiteuse"

Du côté de La Liberté, on souligne un discours culpabilisant les assurés. "L'Office fédéral de la santé publique, la bouche en coeur, note qu'une partie des hausses de 2024 sont imputables au fait qu'en 2023, les assurés ont été plus nombreux que d'habitude à changer de caisse pour réduire la charge de leurs primes. Conséquence: les recettes ont été moins élevées qu'escompté et il faut combler ce manque à gagner. On croit rêver!", s'insurge le rédacteur en chef du quotidien François Mauron.

Cette "explication boiteuse" est l'aveu de la faillite d'un système, dit-il tout en appelant à ouvrir le dossier sur une caisse maladie unique. Mais il est peu probable que les orientations du Conseil d'Etat à majorité bourgeoise aillent vers plus de social pour soulager les assurés, déplore le 24 Heures, qui fustige au passage l'attitude du conseiller fédéral Guy Parmelin au matin de l'annonce.

Le Vaudois a reporté la faute sur le Parlement, les cantons et le "bon citoyen" qui n'avait qu'à demander ses subsides. "En quelques jours, le Conseil fédéral a créé une task force pour sauver le système bancaire suisse et entériné l'absorption de Credit Suisse par UBS, note le journal. Notre santé est tout aussi 'too big too fail'". (awp/(hzi/ps)