Depuis, toujours, la Suisse se distingue par sa recherche de solutions équilibrées – les positions radicales font rarement long feu. Et même si des points de vue extrêmes sont l’occasion de lancer des discussions, la question qui se pose à la fin est toujours celle de savoir si la solution choisie remporte une large adhésion et est viable sur le long terme. Le fondement de la démocratie suisse repose sur des propositions pondérées. Dans le cas de sujets complexes en particulier, il est souvent difficile d’expliquer de manière compréhensible l’intérêt d’une solution par rapport à une autre. Avec la réforme de la LPP, le Parlement est néanmoins parvenu à un compromis vraiment équilibré où les avantages prédominent clairement.

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La réponse aux changements sociétaux

La réforme de la LPP est bien plus qu'une simple adaptation technique du système. Elle constitue une réponse directe aux changements sociétaux de ces dernières années. Nos modes de travail et de vie ont radicalement évolué. Face à la nette intensification du travail à temps partiel et à la multiplication des rapports de travail flexibles, le vieillissement continue de la population implique que la prévoyance vieillesse doive en moyenne être garantie plus longtemps. Il est grand temps d'adapter la prévoyance professionnelle à cette nouvelle donne. Cette réforme réussit à concilier des besoins divers et variés. 

Un compromis bien pensé

Cette réforme ne s'est pas faite du jour au lendemain, mais est le fruit de réflexions approfondies et d’intenses consultations. Si le processus parlementaire a duré quatre ans, le Parlement s'est attaqué à ce sujet pendant plus de deux décennies au total. Cela illustre bien qu'il ne s'agissait pas d'adopter la première bonne proposition venue, mais de parvenir à la meilleure solution possible. 

Un sujet complexe

La complexité du sujet est l'une des raisons pour lesquelles les consultations ont duré si longtemps. La réforme associe des aspects très variés qui ont tous dû être pris en compte dans la discussion. La réduction du taux de conversion est une réponse nécessaire et juste à l'augmentation de l'espérance de vie. Parallèlement, l'abaissement du seuil d'entrée et celui de la déduction de coordination permettent de tenir compte de l'évolution des modèles de travail, qui favorisent le travail à temps partiel et la flexibilisation des rapports de travail. L'échelonnement des cotisations en fonction de l’âge a également été aplani afin que les travailleurs plus âgés soient moins pénalisés sur le marché du travail. Quant aux personnes qui risquent d’être touchées de plein fouet, elles bénéficieront de mesures de compensation afin d'atténuer les effets financiers négatifs de ces changements.

L'incertitude comme facteur incontournable

Dans le domaine de la prévoyance vieillesse, se hasarder à des prévisions demeure une entreprise hasardeuse. Comment mon salaire va-t-il progresser? Comment mon taux d'occupation va-t-il évoluer? Et comment les marchés financiers vont-ils bouger? Autant d’incertitudes qui compliquent la formulation de prévisions fiables tant au niveau individuel qu'au niveau systémique; mais elles ne changent rien à la nécessité de la réforme.

Les controverses récentes, notamment les critiques acerbes de la gauche et des syndicats, ainsi que les batailles de chiffres de ces dernières semaines détournent toutefois l'attention des objectifs essentiels de la réforme. C'est là se fourvoyer. Les polémiques sèment la confusion au lieu de contribuer à la clarté.

Un Oui à une prévoyance vieillesse durable

Avec ses trois piliers, le système suisse de prévoyance vieillesse est globalement équilibré et combine les points forts de ses différentes composantes. Le deuxième pilier, la LPP, est un instrument important et efficace pour les travailleurs et les employeurs. Il encourage l'épargne collective tout en soulageant les caisses de l'État. La réforme de la LPP permet d'adapter les exigences minimales à l'évolution de la société – une étape qui aurait dû être franchie depuis longtemps. Des adaptations en ce sens seraient également souhaitables pour le premier pilier, mais elles ne sont actuellement pas à l'ordre du jour.

Dire Oui à la réforme de la LPP, c'est valider l’immense travail fourni par le Parlement, qui est parvenu à un compromis bien conçu et viable. Cette réforme pose la première pierre d'une prévoyance vieillesse stable qui répond aux besoins des générations actuelles et futures. Il s'agit-là d'une étape importante pour assurer la solidité de notre système de prévoyance, lequel a largement fait ses preuves, et sa pérennité dans les décennies à venir. (ASA/hzi/ps)