Le peuple se prononce sur une initiative du PS visant à limiter ces primes à 10% du revenu disponible. Le texte semble bien parti. Les partis bourgeois n'osent pas s'opposer à leur électorat.
Comme un rouleau compresseur, les primes augmentent chaque année. Elles sont devenues la première préoccupation de la population, supplantant les craintes liées à la retraite ou à la crise climatique. Les ménages y consacrent en moyenne 14% de leur revenu.
L'initiative est soutenue par environ trois votants sur cinq selon les premiers sondages. Les électeurs de tous bords y sont favorables. Seuls ceux du PLR et les ménages les plus riches s'y opposent.
L'initiative du PS demande donc de plafonner les primes à 10% du revenu disponible, soit le revenu imposable. Concrètement, les primes pourront continuer à augmenter, mais si elles dépassent ce seuil, le reste sera payé par la Confédération (pour deux tiers au minimum) et par les cantons (un tiers) via les subsides. La pharma et les acteurs de la santé ne sont pas mis à contribution.
«Stopper une folie»
Le PS, soutenu par l'Union syndicale suisse (USS), Caritas et les médecins de famille, veut «stopper la folie des primes». Il entend protéger le pouvoir d'achat des familles, des retraités et des ménages à revenus moyens. En effet, si les primes ont pris l'ascenseur, ce n'est pas le cas des revenus. Pour de nombreux ménages, la charge est trop élevée.
Pour le président de l'USS, Pierre-Yves Maillard, il s'agit de corriger «le pire des impôts». Les primes d'assurance maladie sont le seul impôt qui augmente tout seul et n'est soumis à aucune limite. Tous les autres impôts connaissent une limite dans la loi ou dans la Constitution.
«Il ne fait mal ni aux riches, ni aux entreprises, mais aux gens qui travaillent et à la classe moyenne. C'est pourquoi c'est le seul qu'on laisse augmenter chaque année», assène le ténor de la gauche.
«Thérapie contre la douleur»
Pour le Conseil fédéral et le Parlement, l'initiative ne s'attaque qu'aux symptômes (la hausse des primes) et non aux causes de l'augmentation des coûts de la santé. Elle propose les mauvais remèdes, critiquent l'UDC, le PLR et le PVL.
Le texte ne contient pas d'incitation à freiner cette hausse. L'augmentation des subsides affaiblirait la conscience des coûts, ce qui réduirait la pression politique pour mener les réformes les plus urgentes et les plus nécessaires, soutient Curafutura. Pour les assureurs, "l'initiative n'est qu'une thérapie contre la douleur".
Le Parlement a proposé un contre-projet qui comporte un objectif de maîtrise des coûts de la santé. Il entrera en vigueur si l'initiative est rejetée.
Coût
Selon le Conseil fédéral, ce sont surtout les ménages de la classe moyenne qui seront soulagés. Les ménages les plus pauvres bénéficient déjà de réductions de primes. Toutefois, l'initiative a un coût.
Les partisans avancent un chiffre entre 3,2 et 4 milliards. Selon l'Office fédéral de la santé publique, la fourchette se situe entre 3,5 et 5 milliards de francs. Les coûts supplémentaires pourraient même atteindre un total de 11,7 milliards d'ici 2030.
Désengagement des cantons
Des coûts qui augmentent de plus d'un quart pour la Confédération et les cantons, rappellent les opposants au texte. Le Conseil fédéral estime également que les cantons ne seront plus incités à faire attention aux coûts. Ce sont pourtant leurs décisions qui influencent les coûts de la santé.
Le camp du non craint qu'il ne faille passer par des augmentations d'impôts ou de la dette ou faire des économies dans d'autres domaines. Si le financement se fait via la TVA, cela implique des dépenses supplémentaires de 1200 francs par an environ pour les ménages moyens, argumente l'UDC.
Contrairement à ce que dit le PS, ce projet ne favorisera pas le pouvoir d'achat: ce que le citoyen économisera comme assuré, il le paiera comme contribuable, et c'est la classe moyenne qui paie la facture, avancent les partis de droite.
Qui paie?
La gauche rappelle pour sa part que son texte ne génère pas de coûts supplémentaires car il n'amène aucune prestation supplémentaire. Les cantons de Vaud et des Grisons, qui ont introduit un plafonnement, n'ont pas connu d'augmentation effrayante des coûts.
«La seule question est 'où envoie-t-on la facture'? Au peuple ou à la politique?», rétorque Pierre-Yves Maillard. Avec l'initiative, le payeur de prime ne sera plus seul à assumer l'augmentation des coûts, avance-t-il, critiquant la majorité politique «qui ne veut rien faire et n'a rien à proposer». (awp/hzi/ps)